Très attendue, repoussée, la réforme du permis bateau déléguant à des opérateurs privés la gestion de l'examen théorique a finalement vu le jour le 1er juin 2022. Neuf mois après sa mise en place, elle semble avoir rempli son 1er objectif : faciliter la présentation des candidats partout en France.
Anna-Maria Bensa, gérante de l'Ecole de Marine de Plaisance de Marseille, résume : "Globalement, on respire. Il n'y a plus de manque de place à l'examen. On peut répondre aux clients pressés de l'été qui veulent leur permis pour louer "dès demain", et aussi aux professionnels avant la saison comme les aides-moniteurs de voile."
Patrice Maudière de Paris Nautique abonde : "Il y avait une saturation à Paris depuis 2008 avec 15 000 demandes par an et les clients allaient en province. On attendait cela depuis longtemps. Il n'y a plus d'embouteillages. On peut répondre présent. Depuis 2014, les inscriptions pour la saison étaient finies en mai, tout était plein. Il n'y avait pas de cession en août. Aujourd'hui on peut ouvrir tout l'été. Il suffit d'avoir des salles de cours et des créneaux en bateau."
Les gérants interrogés soulignent aussi les avantages pratiques de la réforme, pour eux comme pour les candidats. A Lyon, Patrice Loisil du Bateau-Ecole DEFIM souligne : "Même si à Lyon la situation s'était déjà bien améliorée dès le début 2022, il n'y a plus de problème de délai. Les candidats peuvent choisir la date et l'heure et un centre proche de chez eux. C'est un confort pour les candidats et le bateau-école."
Sur la côte atlantique, Anthony Laminette de Bretagne Navigation à Lorient confirme l'analyse. "Avant c'était la course pour inscrire les candidats, presque comme des places de concert. Il m'arrivait de rester jusqu'à 23 heures pour être sûr. C'est beaucoup plus facile maintenant. On a diminué la charge mentale."
Des difficultés administratives persistent parfois, comme en témoigne Anna Maria Bensa. "La validation des dossiers est plutôt rapide et l'on a parfois de bonnes surprises avec des retours en seulement quelques heures, mais aussi des dossiers de décembre encore bloqué début mars, ce qui est parfois délicat à expliquer au client."
La trop grande accessibilité à l'examen a même quelques défauts pour Defim Lyon. "On peut se réinscrire instantanément pour repasser l'examen quelques heures plus tard, ce qui peut être tentant. Mais j'incite les candidats à se poser et le retravailler. Ce n'est pas une loterie."
Selon les bateaux-écoles, les retours d'expérience divergent. Si certains ont connu une légère baisse du taux de réussite à l'examen, le niveau est revenu quasiment au niveau précédent, malgré l'augmentation à 40 questions sans modification du nombre d'erreurs possibles.
En conclusion, Anthony Laminette de Bretagne Navigation se réjouit de cette montée des exigences qu'il souhaiterait voir étendue. "Cela fait des candidats qui se préparent mieux. J'espère qu'il y aura d'autres réformes, avec plus de théorie et surtout une augmentation de la pratique. Personnellement je fais au minimum 4 heures sur l'eau et non les 2 heures minimum légalement. Et si ce n'est pas maîtrisé dans ce temps, ce qui est le cas dans 30 % des cas, nous repartons sur l'eau."